Allaiter, évident mais pas si simple !

Allaiter, évident mais pas si simple !
De super articles de blogs expliquent les bienfaits du lait maternel et de l’allaitement. Je les avais lu, je les avais aimé, mais mon choix personnel s’est inspiré d’autre chose qu’on oublie dans cette aventure qu’est l’allaitement.
Pourquoi allaiter mon bébé me semblait normal, naturel, à tel point de ne pas me poser la question si j’allaiterais et combien de temps, etc ?!
J’ai vécu avec des femmes, des mamans de petits copains d’école qui allaitaient leurs bambins, des copains de mes parents aussi, mes parents aussi. Ils le faisaient par conviction profonde, ils le vivaient, ils aimaient, ils communiquaient en le faisant toute cette chaleur maternelle et paternelle (celle de la bienveillance envers ces femmes et leur allaitement) mais aussi leur plaisir de cette attitude naturelle qui ramenait dans leur vie facilité d’organisation, simplicité et amour.
Ils avaient ré-intégré ce que leurs parents avaient perdu en suivant le discours sociétal de l’époque, pourquoi s’embêter à allaiter quand le lait en poudre fait parfaitement les choses. Ils avaient cherché l’information (pourquoi en fait l’allaitement est le meilleur aliment possible pour un bébé) et avaient réintégré l’allaitement dans leur mode de vie et de pensée.
Donc naturellement, l’allaitement était pour moi la continuité de la grossesse, avoir ce tout-petit contre moi, peau contre peau, lui offrant ce lait que comme mammifère je fabriquais gratuitement, à toute heure du jour, toujours à bonne température, pour les petites faims comme pour les grosses faims. On m’avait montré que c’était simple et facile mais on avait aussi oublié de me dire pas mal de choses pas si simples sur lesquelles je veux revenir ici.
Quand j’entends pas mal de femmes qui disent : “oui mais il faut pouvoir allaiter, moi je n’avais de lait, je n’en avais pas assez, etc, etc”. A savoir : seulement 1% des femmes ne peuvent physiologiquement pas allaiter. Chiffre tiré de mes lectures scientifiques sur l’allaitement. Pourquoi alors tant de femmes sont confrontées à ne pas “pouvoir” le faire ?
 
La naissance
En regardant de plus près, je me suis aperçue que c’était très lié à la naissance, mais aussi à l’accompagnement après la naissance.
Les naissances d’aujourd’hui sont surmédicalisées. Que ce soit une naissance par césarienne où le cocktail d’hormones de l’amour est complètement bouleversé voir inexistant par rapport à un accouchement naturel. Ou bien une péridurale qui a aussi un effet sur ces hormones qui ont une responsabilité dans la mise en route de l’allaitement (voir les livres de Michel Odent pour les explications détaillées sur cela). Donc ces naissances ont un effet non négligeable sur la capacité de la femme et du petit à la mise en route de l’allaitement.
Après la naissance
Ensuite l’entourage plus ou moins confiant a aussi un effet sur la jeune mère par rapport à sa confiance en elle à mener à bien son allaitement. J’entendais une fois la mère d’un jeune homme demander à son fils : “Elle allaite toujours ? (2 mois…) – Mais il faut qu’elle arrête si elle veut que l’enfant dorme.”
On est d’accord qu’un discours de ce type n’est pas très encourageant. Surtout avec une génération qui a toujours entendu que le lait en poudre remplaçait parfaitement l’allaitement.
Une autre fois, j’entendais une jeune femme s’inquiéter d’au cas où où ça ne marcherait pas et qu’elle serait seule chez elle avec un bébé hurlant de faim.
Et puis à côté de cela, j’entendais des femmes qui racontaient que malgré les blessures au sein, des engorgements pendant des mois, des mastites, elle voulait absolument réussir l’allaitement et en avait presque fait une croisade !
Quelle différence ! Voilà exactement là où nous nous situons aujourd’hui.
L’accompagnement à l’allaitement
Voilà ce que j’ai retenu de mon expérience :
Après un accouchement naturel et une petite qui a tout de suite pris le sein goulument pour ne le lâcher que 24h plus tard, je me suis retrouvée avec des mamelons-tétons ultra fragilisés et qui me faisaient presque vivre un cauchemar. Autant les douleurs de l’accouchement je me suis dit, elles finissent, elles ont un but, autant sur mes seins, je ne voyais pas ce que ça venait me dire et surtout pourquoi je devais endurer cela, des douleurs de sensibilité, aïgues pendant des jours ! (15 jours)
Mon docteur m’avait bien fait acheter la crème Rescue de Bach au cas où j’avais une infection. Egalement de la lanoline pour s’enduire les seins pour les aider la première semaine. Et le fameux conseil de mettre du lait sur son sein pour calmer. ça marche ! Lanoline + lait. Et surtout le conseil sèche-cheveux. Plus le mamelon sèche, moins cela est sensible.
J’ai aussi eu des sages-femmes venant à la maison tous les jours ou 2 jours pendant les 2 premières semaines. Elles ont contrôlé si le bébé était bien positionné. Elles m’ont fait touché quand j’avais un risque d’engorgement, massé pour l’éviter, elles m’ont donné des petits conseils, m’ont montré comment allaiter allongée dans le lit. Quand elles ne venaient pas, il y avait la dame de Reddie Teddy (kraamverzorgster) qui m’accompagnait, me proposait des positions pour que le bébé stimule tout le sein et me rassurait sur mes multiples questions. (En Belgique comme en Hollande c’est une aide qui vient à la maison pour les tâches ménagères, aider la maman à s’occuper de son bébé, cuisiner, etc. Certaines doulas proposent également ce service.) Bref, j’étais hyper entourée ! Et chaque jour, contrôlée. CHECK !
Dès que j’avais un doute, je téléphonais. Une de mes sages-femmes est même venue après 3 semaines car j’avais peur d’avoir un canal lactifère bloqué. Et en fait, cette prévention continue, j’ai bien senti que ça a fait une énorme différence dans la mise en route de l’allaitement qui aurait pu être vraiment très difficile.
J’avais un bébé aux besoins intenses. Ma petite tétait et tétouillait pendant des heures le soir, de 18h à 23h. J’ai eu les tétons sensibles pendant 15 jours. J’en ai bavé. J’en pleurais le soir. J’utilisais ma lanoline à fond jusqu’au moment où j’ai compris qu’en fait il faut vraiment sécher les tétons, ça aide vraiment ! Mon mari me soutenait, il me disait que ça allait marcher. Waouh, quelle aide microscopique mais non super !
J’ai eu le 2e jour une toute petite crevasse (comme une gerçure douloureuse de 3mm) qui a disparu en 24h.
En fait, chaque femme a des seins différents qui vont plus ou moins être sensibles à la mise en route de l’allaitement. Donc il me semble effectivement très chouette de réunir le maximum de personnes motivantes, rassurantes et ayant de bons conseils pour les jours après l’accouchement.
À prévoir :
– des vêtements très doux (Lycra, modal, soie, etc) car le contact avec le sein peut faire hurler les premières semaines
– une serviette de toilette genre Décathlon pour le camping, très douce et feutrée mais qui éponge pourtant
– de la lanoline en petite tube, s’enduire sans compter 😉
– de la tisane d’allaitement (toujours chouette pour booster la production de lait)
– des coussinets d’allaitement (j’ai essayé d’abord ceux faits à la main par Lover of Life Designs sur Etsy mais ils étaient vite trempés, ensuite, les jetables mais j’en utilisais 4 par jour, ensuite ceux Medela, très doux et agréables, je les changeais 2 fois par 24h, et ceux Imse Vimse, incroyables ! je les changeais tous les 2 jours 🙂 je recommande !)
On ne m’avait pas parlé de…
– Qu’un bébé peut demander à téter et tétouiller et que c’est à chacune de voir où est sa limite, la communiquer au bébé. On fait de son mieux avec ses propres limites et expliqué, le bébé comprendra tout à fait et dans l’échange se créera aussi un lien précieux. Il n’y a pas de bonne façon de faire, juste celle qu’on assume et le fait qu’on fait de notre mieux à ce moment-là dans notre vie.
– Le plaisir à avoir son bébé contre soi, le sentir, le nourrir de son corps tisse un lien spécial…
– Un bébé sur soi nous fait mère, un bébé à côté de soi nous refait femme, aussi un plaisir 🙂 mais difficile au début où on est presque tout le temps uniquement Mère…
– Un bébé qui a besoin de tétouiller peut être satisfait avec un doudou, foulard avec du lait de la maman dessus et près de son visage. Une alternative à la maman. Une sucette peut aussi être une extension à ce moment-là.
– L’allaitement à la demande est facile, déstressant car le bébé prend ce dont il a besoin. Au début j’avais une application (Tétée sur iPhone en français) ce qui m’a rassuré moi. Mais en fait j’ai vite arrêté pour construire une confiance dans mon bébé et le fait qu’il était capable de sentir ses besoins lui-même.
– Que les seins peuvent doubler de volume les premières semaines après l’accouchement !!! et qu’il n’est pas toujours évident d’apprécier ce nouveau corps, de savoir quoi en faire (à part allaiter, ce qui est très rassurant car cela aide à adopter ces nouvelles formes). La nuit, je ne savais plus dans quelle position me mettre, ça me gênait pour dormir. Mais le contact avec mon bébé m’a fait me ré-apprivoiser mon corps et ré-établir une relation avec lui. Accepter de ne plus être enceinte mais de porter tout de même mon petit en moi différemment.
– Oui, cette sensation de porter encore son enfant en soi, de ne retrouver illico presto que la moitié de sa légèreté.
– Le plaisir de se sentir vide (du bébé) mais d’avoir quelque chose à lui offrir de sa chair tout en permettant son autonomie progressive vers le monde. La période de séparation de plusieurs mois et années commençant au creux du ventre, du sein fait aussi du bien à la maman ! pas qu’au bébé !
– Les coussinets d’allaitement pleins dans mon cas m’ont impressionné.
– Les habits d’allaitement pas forcément les mieux, plutôt mes vieux habits que j’aimais et que j’étirais un peu à l’encolure. Agréable mentalement d’être dans ses habits.
– Le lait sur les habits : c’est gras, donc il faut dégraisser avec un savon de Marseille après de mettre en machine à laver.
– Les régurgitations du bébé le temps que son clapet d’estomac (je ne me souviens plus du nom) se forme et ferme bien > notre solution a été de toujours avoir un verre à côté de nous et dès qu’on voyait sa tête un peu bizarre, ses signaux de régurgitations, alors on prenait la tasse et on lui mettait sous la bouche. Ça nous a évité maints torchons à laver ! Et vu la quantité ça nous a épargné d’être nous aussi salis et à laver 🙂
Mais quand même quand nous sommes partis en vacances au début, j’ai pris autant de vêtements en double pour moi que pour le bébé et ça a servi !
– Que j’ai gagné en sommeil dès la première nuit en allaitant couchée et en n’ayant pas à me réveiller complètement en gardant la petite endormie à côté de moi. Mon mari aussi.
– Que j’ai gagné en temps de préparation et d’organisation plus de 2h par jour de logistique biberons 😉
– Je peux voyager ultra léger en ayant quand même tout à portée de main.
– J’ai gagné en temps de calme car être sein résout 99% des besoins d’amour, de faim, de confort, de peur, de chaleur, etc du petit. Donc allaiter à la demande nous a permis aussi d’avoir un bébé qui ne pleurait que très très rarement, 2-3 mois les 3 premiers mois et pour des crampes au ventre a-t-on remarqué ensuite.
– J’ai même trouvé un moyen en me penchant d’allaiter en voiture (des 2 côtés) en restant attachée après 2-3 mois.
– Après des antibios pour une infection, j’ai même combattue une mycose sur les seins avec une super crème et de la patience.
– Que j’apprécie chaque jour les progrès de ma petite qui espace les tétées car je savoure l’autonomie que je retrouve ! Quel plaisir !
– … (A venir)
Ce qu’on ne dira jamais assez mais bizarrement sera toujours oublié…
On oublie tout. Comme l’accouchement, peut-être y-a t-il derrière cela un processus de survie de notre espèce humaine ? Mais tout ces détails, toute ce début d’aventure de l’allaitement comme l’accouchement, on en gardera que les meilleurs souvenirs de mère et de femme et le reste ça disparaîtra comme par magie. Est-ce que c’est vraiment difficile d’allaiter ? Le début n’est pas si simple mais bien accompagné et préparé, c’est déjà mieux gagné. J’émettrais aussi l’hypothèse que chaque petit humain a le besoin fondamental d’être allaité (comme chaque femme d’accoucher naturellement… un autre sujet d’article ;)). Nous savons les bienfaits de l’allaitement pour la maturité du système immunitaire et une alimentation sur mesure mais j’irais plus loin en proposant que l’allaitement est une continuité de l’arrivée au monde d’un petit, qu’il permet de construire sa confiance en soi et son rapport bienheureux au monde.


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