Exceptionnel et extraordinaire, faire le deuil…

Exceptionnel et extraordinaire, faire le deuil…

If you want to live an exceptional and extraordinary life, you have to give up many of the things that are part of a normal one.” -Srinivas Rao

Quand j’ai lu cela la première fois, cela m’a parlé même si ce n’était peut-être pas très humble.
Cela m’a rappelé les montagnes russes que j’ai traversées, où j’ai dû laisser aller quelque chose de profond, que je n’avais pas vraiment identifié auparavant… Faire le deuil de qui je n’étais pas pour embrasser ma vie à moi. Qui n’est pas ordinaire, qui ne l’a jamais été et qui ne le sera sûrement jamais.

Je me rappelle une collègue me disant le jour de mon mariage quand je confiais très sérieusement que dans quelques années j’arrêterais de bouger : “Pourquoi tu penses que tu auras changé quand tu auras 10 ans de plus ? Tu ne changeras pas, tu vas voir.” Je ne la croyais pas tant j’étais sûre que j’allais rentrer dans le moule d’une vie tranquille, assagie, sans cet élan qui m’amène toujours en avant, à me surpasser chaque seconde et qui ne me lâche jamais.

J’ai toujours reçu ces regards en biais, des fois gênés, des fois estomaqués, des fois incompréhensifs. Etre différente. Avoir toujours trop d’énergie qui jaillit et rebondit que toute la vie autour. Cela m’a valu de ne pas être bien traitée par les mères des autres élèves quand j’étais petite, d’être le bouc-émissaire jusqu’à être frappée par une institutrice à cette période-là également, d’être adorée des profs à l’adolescence et d’être traitée en même temps de tous les noms par les camarades, d’être volée, intimidée, aussi. Plus tard encore d’être manipulée par des filles jalouses, de subir du harcèlement moral au travail, …
Mais aussi cela m’a valu les plus grandes joies de vie, les plus belles rencontres, les plus pures énergies pour de magnifiques projets, de constituer des petits groupes d’amis fidèles, intelligents, autonomes, critiques, aimants, autour de moi. J’ai circulé dans la vie, prenant des coups malgré d’être chérie, sans vraiment comprendre ce que j’avais fait pour mériter cela. Et puis avec le temps, j’ai commencé à reconnaître quand naît une certaine gêne ou incompréhension, d’acceptation de l’autre et quand naissent ces regards qui se font distants ou vagues.

Alors j’avais décidé de changer, de m’adapter, de me mettre dans le moule, maintes et maintes fois.
Je me rappelle certains disant : pourquoi t’évertues-tu à ressembler aux autres ?
Je lus alors : est-ce tellement désagréable d’être toi-même que tu trouves toutes les excuses pour fuir et t’échapper ?
Oui c’est dur d’être qui je suis ! J’étais arrivée à un point où effectivement je devais faire le choix de ressembler plus à moi-même et de faire le deuil d’être les autres. Quitte à envisager encore ma vie de manière complètement différente.

Mais qui étais-je ? Qu’est-ce qui m’anime ? Comment suis-je différente ? Pourquoi ? Comment accepter de ne pas être dans la norme ? D’être toujours dans le “trop” dans le regard des autres ? Comment assumer d’être dans cet extraordinaire ? Est-ce juste un point de vue ?

Comment s’adopter, s’accueillir soi-même quand on a passé sa vie à admirer les autres et être occupé plus chez les autres que chez soi ? Bonne trouvaille… Comment apprivoiser d’être connectée au monde mais en même temps d’être fort à soi-même ? Comment s’accepter soi-même tout en se développant dans la conscience comme un travail de chaque instant ? Comment se poser tout en étant en mouvement constant ?

Même si ce ne sera jamais une partie de plaisir, j’ai appris à plier mon énergie, à mieux la gérer, à l’utiliser différemment en fonction des gens avec qui je suis. Mais ce n’est pas facile tous les jours. Mais même si je gère cette adaptation de mieux en mieux, cette régulation de mon énergie, il y a toujours cette peur de perdre cette énergie qui m’anime au profit d’une plus neutre, plus commune, plus normale. Qui n’est pas moi. Qui ne me ressemble pas. Comment ajuste-t-on son énergie, l’image de celle-ci et celle que les autres reçoivent ?

Le temps de faire de l’espace chez moi pour moi-même. Le temps d’observer tout en continuant son chemin. Comme souvent chez les gens ou pour grandir dans eux-mêmes, pour croquer la vie à pleines dents mais aussi ceux qui aiment les autres, qui s’en occupent, qui s’inondent des autres, qui leur sont dédicacés, qui sont en fusion, qui sont obnubilés par faire plaisir aux autres, ou encore ceux incertains, ayant besoin de reconnaissance constante, d’être portés par les autres, ceux qui ont un grand besoin des autres.

J’adresse vraiment ce message à tous ceux là, ceux pour qui vivre sa vie personnelle n’est pas une évidence pure et héritée de l’éducation ou génétiquement programmée mais un véritable parcours du combattant, d’aventurier, de couturier pour s’écouter, s’apprivoiser, dessiner sa vie de tous les jours à son image et irradier soi-même. Juste soi-même. L’évidence pure. Qui n’en a jamais été une.

Inspiré par “Living an extraordinary life means giving up a normal one” par Anthony Moore on Medium – Nov 5 2017

 



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