Travailler — avec un enfant

Travailler — avec un enfant
Est-ce là une antithèse ? l’un est-il contraire à l’autre ? Incompatible ? Non désirable ?
Je me pose beaucoup de questions depuis quelques mois sur quel rythme de vie avoir qui soit compatible et qui s’adapte au fait d’avoir un enfant. Je n’ai pas vraiment eu envie d’enfant pour ne le voir que 2-3 heures par jour. J’ai vraiment le désir de partager la vie avec mon enfant : ma vie et la sienne. Ne pas juste se croiser. Et attendre les week-ends et les vacances avec impatience.
Avant j’avais l’idée qu’il y avait les mères qui travaillent et puis celles qui sont à la maison. Après avoir lu pas mal de livres de Cathy Kelly qui met en scène toutes sortes de femmes, leurs scènes intérieures et leurs problématiques personnelles, puis d’avoir lu le livre “Maman, je ne veux pas que tu travailles !” d’Isabelle Filliozat et d’Anne-Marie Filliozat sur le sentiment de culpabilité des mères et où il se niche, j’ai envie d’écrire sur cela.
Ces derniers mois, j’ai appris à combiner pendant le sommeil de ma petite des cours en ligne, des emails, bref tout un tas de choses qui sont faites via l’ordinateur portable. J’ai pu ainsi rester connectée à la vie professionnelle. J’ai aussi écrit une offre, exerçant comme ça un petit retour dans le monde des indépendants et appris à demander à mes amis et famille de s’occuper de ma petite pendant des petites plages de temps horaire pour être concentrée. J’ai appris à bloguer quand elle dormait à côté de moi et non sur moi. J’ai vu que quand elle dormait sur soi dans le porte-bébé alors je restais connectée à elle malgré le fait qu’elle dorme et donc moins de capacité de concentration.
J’ai emmené la petite fille chez des fermiers avec lesquels je travaille, fais des séances photo, des visites, donné des interviews avec elle. J’ai donné des conférences en la confiant à quelqu’un du public qui s’est révélé enchanté. Je suis allée à des séminaires d’une journée avec elle. J’ai participé à des ateliers-workshops professionnels et affronté en début de séance le regard interloqué des participants qui au fil des heures est devenu bienveillant voire admiratif pour me lancer à la fin : elle est sage, c’est impressionnant !
J’ai voyagé avec le bébé dans mes bagages, léger j’ai dû rester.
J’ai profité du fait qu’elle s’endorme tôt le soir ces derniers mois pour produire des documents demandant plus de concentration. J’ai mis des fois 1 semaine avec travail chaque jour pour fabriquer une conférence de 15 minutes. J’ai allaité partout, au milieu des vaches et devant une audience, dans un café ou dans le métro. Le porte-bébé aidant à passer partout.
La première fois, je n’en menais pas large. La deuxième fois, j’avais encore un peu peur. Maintenant, je me fais discrète mais je participe activement. J’ai appris à faire confiance à ma petite mais aussi à lui laisser l’espace dont elle a besoin pour être active dans mes activités professionnelles. J’ai appris d’aller à l’essentiel, d’être ultra-efficace.
Par contre, j’ai vu ma capacité de concentration pour mon travail et pour enfant diminuer. Vivre et travailler avec mon enfant me demande une grande flexibilité. Je ne suis pas souvent satisfaite mais je commence à me satisfaire de petites choses, de petits pas, de petites étapes. Et puis surtout l’efficacité diminue drastiquement. Quelque chose que je faisais en un jour prend plus de temps car c’est entrecoupé et je ne peux vraiment y travailler que par petites plages horaire. Et puis à la fin de la journée, la plupart du temps après avoir “porter” ma fille toute la journée (jouer, s’en occuper, essayer de vivre un peu, ranger la maison, faire une petite activité, etc avec un bébé) alors je suis claquée. Je suis crevée, fatiguée, rompue, en compote de partout.
Mais le plus beau, ce qui m’a fasciné, c’est la capacité de mon enfant à “être” avec moi dans un lieu, dans un moment. La richesse des interactions avec les gens, ce que je lui offre comme moment d’échanges, comme environnement à découvrir des yeux, des oreilles… D’un autre côté je fais attention à ma propre énergie, à ne pas en dépenser trop pour en avoir toujours pour elle. Mais aussi à être très connectée à moi-même pour lui offrir des échanges de qualité autour d’elle. Avant j’y faisais moins attention.
Et puis même si je suis ultra-fatiguée de “la porter” avec moi, je découvre aussi comment elle observe et interagit chaque jour différemment. Je partage ma vie avec elle, je lui explique et raconte ce que je vois, ce que l’on vit, mes émotions liées aux situations, aux gens et mes questionnements personnels.
Après 4 mois, j’ai trouvé un équilibre à faire des activités pour moi (pro ou non) à mi-temps et le reste du temps être en vacances (amis, balade, sport, bains, jeux, cuisine, etc).
Je suis toujours heureuse de rencontrer des amis qui ont choisi de travailler à la maison et de partager leur temps professionnel avec leur enfant. Véronique Badaille fut la première dont j’entendais parler concernant cela sur son blog ainsi que les mamans blogueuses, puis ensuite ces dernières semaines, je découvris quelques amis et collègues faisant la même chose chacun à sa manière.
Il y a encore quelques jours, je désherbais chez un collègue maraîcher et ma petite fille sur la hanche, je me disais, je veux faire un travail un jour encore plus à partager avec mes enfants.
Je crois en un futur où cette combinaison de vie d’activités professionnelles et personnelles seront mêlées. Où on pourra profiter des deux, partager l’une avec l’autre d’une manière ou d’une autre.
Mon prochain challenge sera de combiner une vie professionnelle plus dense dans les prochains mois. Un autre équilibre entre les grands-parents, la crèche et les parents. J’aurais ainsi à apprendre de sa vie personnelle aussi !
Je suis si curieuse de comment cela évoluera. Peut-être aurais-je alors plus d’énergie physique 😉


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